Pour conclure la vidéo de O'Connors:
9 mars 2016La caméra cachée djihadiste, mauvaise blague en Arabie saouditeLa caméra cachée est un art difficile à maîtriser. L'équilibre entre le rire et le mauvais goût est difficile à atteindre. Et il existe certaines limites, des choses avec lesquelles on ne plaisante pas.
En Arabie saoudite, pays touché par le terrorisme et connu pour son manque global de sens de l'humour, un collectif d'humoristes du nom de Tube Up a fait le pari douteux de la caméra cachée djihadiste. Filmés à leur insu à bord d'un taxi, les passagers se retrouvent à côté d'un faux chauffeur, à la fausse barbe, préparant un faux attentat-suicide.
Dans la première partie de la vidéo, le chauffeur demande à son passager, un jeune garçon, s'il a déjà pensé au djihad. Ce à quoi l'autre répond, en substance, « qu'est-ce que c'est que ces histoires ? ».
Le faux djihadiste montre sa fausse ceinture d'explosifs et lui annonce qu'il a l'intention de se faire exploser, et que le garçon va mourir avec lui « en martyr ». L'enfant le supplie, en larmes. Après un laps de temps extrêmement gênant, l'homme révèle la supercherie.
C'est ensuite un garçon plus âgé qui monte à bord. Lui choisira de sauter du taxi en marche pour fuir l'attentat, bientôt rattrapé par le faux taxi qui lui annonce que c'était une caméra cachée. Rires.
Avec deux hommes d'une trentaine d'années, la scène devient plus musclée : quand le faux djihadiste annonce ses intentions, il est immobilisé par l'un tandis que l'autre arrête la voiture et tente d'appeler du secours. A la fin de la vidéo, les rigolos passent l'habituelle séquence avec tous les participants souriants et le pouce en l'air, contents et conscients d'avoir participé à la blague.
Humour « éducatif »
Selon Gulf News, beaucoup d'internautes saoudiens n'ont pas rigolé et ont demandé que les auteurs de la plaisanterie soient « punis ». L'équipe de Tube Up assure que ses intentions étaient « éducatives » et qu'ils ont voulu montrer que le terrorisme faisait peur « aussi » aux musulmans.
Une façon étrange d'éduquer par la comédie quand on sait que l'Arabie saoudite est régulièrement visée par des attentats, d'Al-Qaida entre 1996 et 2003 et plus récemment de l'Etat islamique (EI), groupe djihadiste contre lequel Riyad a monté une coalition de 34 pays musulmans.
On estime qu'environ 2 000 Saoudiens ont rejoint l'EI pour aller faire le djihad en Syrie et en Irak. Depuis fin 2014, plus d'une dizaine d'attentats ont ciblé la communauté chiite d'Arabie saoudite, par ailleurs maltraitée par le régime, faisant des dizaines de victimes. Un grand nombre de ces attaques ont été menées par des citoyens inconnus des services de renseignement, visiblement recrutés sur Internet.
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